The Brutalist
7.1
The Brutalist

Film de Brady Corbet (2024)

The Proutalist

Depuis longtemps maintenant, on parle de The Brutalist. On nous sort une bande-annonce grandiose, muette mais avec plein de belles images, une musique épique qui nous casse les oreilles, des noms et des ovations superlatives de la part des plus grandes revues de cinema qui défilent de droite a gauche et un titre géant, avec écrit « filmé en vistavision » en petit en dessous. Des la bande annonce le truc criait déjà « Regardez ! Retardez comme on est différent ! Regardez comme on est bizarre !» Ça commençait déjà à m’énerver. Même en essayant d’être les plus bizarres, a24 a fait le « film de l’année » classique, trois heures (ou plus), des jolis plans, des grosses performances d’acteur et un sujet profond, les oscars vont adorer !

Après, est-ce un mauvais film ? Non. J’aurai mis un 5,5/10 si c’était possible, mais à choisir j’ai mis un 5 pour justifier mon titre (et blague d’une grande maturité) « the proutalist ». On peut dire ce qu’on veut, le film est super beau. Visuellement, je veux dire. L’image Vistavision est assez dingue, les plans magnifiques bien que parfois un tout petit peu forcés (la statue de la liberté à l’envers et sur le côté au début, oh la la, quel génie). Pour ce qui est des acteurs, Adrian Brody est très bien mais pas non plus transcendant, on fait ce qu’on doit faire pour en faire une performance oscarisable, quoi. Ça pleure, ça crie et hop, une statuette dans la poche. Je n’ai pas ressenti tant d’émotions que ça, comparé à l’autre grande performance de Brody, Le Pianiste (un bien meilleur film selon moi). En vérité, celle que j’ai beaucoup aimé et qui était plus émouvante et attachante selon moi, c’est Felicity Jones. Je pense qu’une bonne performance, c’est celle qui touche sans que l’acteur ou actrice ait besoin de pleurer à chaude larmes et de hurler pour le faire. Quand à la pauvre Raffey Cassidy, on se demande presque pourquoi son personnage existe, c’est pratiquement une figurante muette durant tout le film, qui semble servir uniquement à montrer que le fils du riche est un gros connard.

Enfin, le film se regarde quand même bien durant la première heure et demie, avant une entracte sympathique avec compte à rebours et bruits de fond bizarres pour nous laisser le temps de nous soulager la vessie. La deuxième partie en revanche… bon, y a l’arrivée de l’excellente Felicity Jones, mais sinon, on commence à ressentir la longueur du film. Le protagoniste est un toxico, mais à aucun moment on ne voit les effets que la drogue a sur lui, ce qui est assez perturbant. On nous balance plein de scènes dans lesquelles il se pique dans sa salle de bain, mais sinon tout va bien dans sa vie. Ça ne pose même pas de problèmes dans sa relation avec sa femme, puisqu’elle lui dit qu’elle s’en fout, en gros, on se demande un peu l’utilité de cet aspect du personnage. Issach de Bankolé interprète un personnage fort sympathique (dont le fils, présent au début du film disparaît comme par magie à partir d’un moment, puis réapparaît rapidement une fois devenu plus grand) à qui on on aurait pu donner plus d’importance selon moi. Le très bon Guy Pearce, lui, joue le gros riche blanc, donc bien évidement le méchant. C’est le schéma sans originalité auquel répond The Brutalist : La famille de catho riches ? Méchants manipulateurs. La femme de bonne famille catho de son cousin ? Une femme odieuse qui veut nuire au protagoniste pour une raison qui m’échappe un peu, mais en tout cas elle est méchante. Bien sûr, le film est pas la pour raconter que les américains de l’époque adoraient les juifs et les étrangers et les accueillaient à bras ouverts en leur faisant des bisous partout, mais parmi toute cette galerie d’américains chrétiens c’est quand même un peu exagéré qu’il n’y en ait pas UN sympa en trois heures de film.

La musique du film est pas mal mais j’ai pas été époustouflé non plus, et la manière dont elle est utilisée est plutôt étrange, cet espèce d’air au piano ne semble pas nécessaire sur beaucoup de scènes qui auraient très bien fonctionné sans musique. Quand au générique de fin (qui défile cette fois en diagonale, wouaouh ! Comme ils sont bizarres !), il est dépourvu du moindre son, sauf au milieu, une musique arrive, puis repart, laissant à nouveau place au silence. C’est vraiment bizarre pour le coup, et on se demande un peu l’utilité de cette façon de faire.

Enfin bref, on a un produit type du « film grandiose » d’aujourd’hui mais qui en vérité n’est pas plus touchant que ça. C’est beau, c’est bien joué, et puis voilà.

5
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le 15 mars 2025

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Big-kahuna

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