"Le Flingueur" avant l'heure

1966. Le cinéma italien surfe, comme en , sur la vague des James Bond et exploite le filon de ce qu’on appelle « l’eurospy ». Un cinéma d’espionnage proche de la parodie qui, à l’époque, doit autant au film d’action, d’aventures que de la comédie. Technique d’un meurtre se présente, quant à lui, comme un thriller très sérieux. Un tueur à gages qui veut se retirer des affaires, un jeune loup qui veut prendre sa relève, un ultime contrat : on retrouve là les ingrédients qui feront la réussite du Flingueur. La première demi-heure annonce très clairement le film de Michaël Winner avec sa séquence silencieuse durant laquelle Robert Webber prépare son exécution. Toute la partie américaine est, d’ailleurs, d’une efficacité remarquable et montre que le cinéma italien n’est pas seulement un cinéma de suiveur mais qu’il peut aussi être un cinéma précurseur. La suite, qui se déroule en , est beaucoup plus classique et évoque « l’eurospy » avec ses traitres, ses scènes d’infiltration et quelques bagarres voire une course-poursuite en voitures.

Le projet est bourré d’idées qui inspireront d’autres titres. Le Flingueur, donc, bien entendu, mais aussi son duo mal assorti où chacun joue double-jeu, son tueur au visage reconstitué et ses règlements de compte annoncent aussi certains aspects du poliziottesco. Le résultat en reste cependant très loin. Tout est très propre, très soigné et les scènes en intérieur sont nombreuses. Le dépaysement États-Unis puis conforte l’idée d’un projet d’espionnage et, surtout, il n’est jamais question de l’Italie dans ce film qui fait semblant d’être américain avec son générique (pourtant en voiture…) et ses noms américanisés. Avec son scénario efficace, ses personnages troubles tous parfaitement interprétés et ses péripéties rondement menées, on ne s’ennuie jamais même si l’ensemble ne parvient pas à être réellement ionnant.


Il manque certainement dans la dernière heure des séquences marquantes, des personnages plus iconiques ou un scénario plus retors pour marquer le spectateur qui a déjà vu des films au sujet similaire et tournés avec bien plus d’efficacité quelques années plus tard. C’est soigné, sympathique mais, hormis sa première demi-heure, le film ne réussit pas à sortir du lot d’une production abondante. À regarder en se remettant absolument dans le contexte.


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le 8 juil. 2024

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Play-It-Again-Seb

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