Après une grosse poignée de comédies à succès et un film d'aventures pas beaucoup plus sérieux ("Les spécialistes"), Patrice Leconte s'offre ici une première incursion dans le drame, même si son "Tandem" s'orne en surface des atours de la comédie et du buddy movie.
Mais le spectateur attentif sera surtout sensible à l'atmosphère de déchéance qui se dégage des mésaventures de Michel Mortez (Jean Rochefort, à son aise), animateur ringard et mégalo d'un jeu radio sur le déclin - qui évoque nettement Lucien Jeunesse et son "Jeu des mille francs" sur Inter - et de son fidèle technicien Rivetot (Gérard Jugnot sans moustache, dans l'un de ses meilleurs rôles), qui tente tant bien que mal de repousser l'échéance inéluctable.
Avec ce sujet en or massif, Leconte signe certes un beau film doux-amer qui rappelle la comédie italienne (à l'image de la chanson titre "Il mio refugio"), mais on ne m'enlèvera pas de l'idée qu'avec une histoire pareille et des personnages aussi authentiquement marginaux, il y avait sans doute matière à faire encore beaucoup mieux.
Je ne sais pas, il me semble que Jean Rochefort n'était peut-être pas obligé de se montrer à ce point outrancier, sur-jouant certaines émotions alors que cela ne s'imposait pas.
Idem pour la mise en scène de Patrice Leconte, qui oublie parfois toute notion de subtilité (par exemple lors du dîner grotesque avec les notables autour de Jean-Claude Dreyfus, ou bien en martelant avec une telle insistance la chanson de Richard Cocciante...)
Cela dit, en dépit des réserves formulée ci-dessus, "Tandem" reste malgré tout un très joli film : le point de départ s'avère tellement irable, avec ce couple improbable de "ratés" solitaires, égarés sur les routes d'une vieille provinciale qui se meurt, métaphore aussi cruelle que pertinente du personnage de Mortez...