Après les junkies, les zombies et les taudis, le réalisateur protéiforme nous emmène aux confins de la galaxie. Alors, ce Sunshine, astre ou désastre ?
D'emblée, en prenant connaissance du pitch au moment de choisir ce film, j'avoue avoir copieusement gloussé. J'imaginais déjà le Captain America en devenir, une bûche sous le bras, parti pour rallumer le soleil avec Iron Man et ses potes, ainsi que cet antagoniste d'épouvantail du Caped Crusader dans la team, comme ça, à l'arrache. Boyle a d'ailleurs dû se faire gazer par l'ennemi de Batman au moment d'accepter de réaliser un film avec une telle histoire, signée Alex Garland. Ou alors était-ce un pari, ô combien risqué le cas échéant. De ceux qu'il affectionne particulièrement au point de souvent nous surprendre, dans le bon comme dans le moins bon (qui a dit La Plage ? Qu'il se dénonce ! Ah diantre, ça doit être moi en fait...)
J'ai trouvé Cillian Murphy juste solaire. Avec ses mirettes aux teintes azuréennes et sa dégaine quasi christique - de par ses cheveux longs notamment, il sera pourtant régulièrement ramené à sa condition de particule dans l'infini, face à la véritable entité toute puissante (et mourante nonobstant) du film : le soleil. Accompagné d'un Chris Evans étonnamment juste, ainsi que d'acteurs tels que Rose Byrne, Michelle Yeoh ou encore l'excellent Hiroyuki Sanada, force est de constater que les personnages proposés par le réalisateur de Ferrovipathes (oui oui, il s'agit bien de Trainspotting en québecois...) sont des plus attachants, pour la plupart. Mark Strong (que j'ai reconnu avec joie dès les premiers sons émanant de sa bouche tant sa voix est unique) complète la distribution cinq étoiles. Marrant au age, de le voir ici avant d'aller fureter du côté de chez Vaughn, transportant dans ses bagages l'une des musiques que l'on retrouve à la fois dans ce Sunshine et dans Kick Ass. Au chapitre sonore, on retiendra notamment Underworld ou le morceau des crédits de fin.
Si la première partie de Sunshine propose un certain nombre de rebondissements, constituant un ensemble plutôt bien rythmé, la seconde partie opère un virage pour le moins surprenant vers l'horreur, ce qui peut aisément déstabiliser, Danny Boyle agrémente alors nombre de séquences d'effets clipesques dont il a le secret. Secret qu'il aurait mieux fait de conserver pour lui, tant ces derniers m'ont parfois quelque peu fait sortir du film. Pour le reste, j'ai été aspiré dans ce tourbillon de sensations durant l'heure trois-quarts de métrage, ainsi que par le côté surréaliste et nébuleux qui irradie la bobine. Visuellement, le réalisateur britannique est inspiré et éclipse nombre d'oeuvres plus récentes, comme de plus anciennes. Son œuvre brasse des thèmes certes déjà rencontrés dans d'autres œuvres SF, ce qui n'empêche pas Sunshine de briller (…) quant au questionnement sur la nature de l'homme, sur la paranoïa qui s'insinue dans un groupe si loin de tout. Son instinct de destruction, de survie. Et ses vertus aussi.
Le "Boyling for Columbia" made in Danny brille de mille feux. Son festival sensoriel aura presque réussi à nous faire croire qu'il était parfait. Devant ce très sympathique Sunshine, riche en tension, et en dépit de quelques effets cheapos et approximations scientifiques ou autres, le spectateur en quête d'émotions fortes et disposé à mettre de côté sa part de rationalisme se fera un plaisir de tomber dans le panneau...solaire.