A 86 ans, Clint Eastwood remet le couvert, deux ans après son dernier film American Sniper. Avec Sully, Eastwood e du film de guerre au film catastrophe, en adoptant comme toujours une mise en scène tout ce qu’il y a de plus sobre. La structure narrative est assez simple : après l’exploit de Sully, la compagnie enquête sur les conséquences de l’accident et la réaction des pilotes. Ainsi, tout le film consiste en un interrogatoire dans un bureau (comme The Social Network) avant de finir dans une cour d’audience, lorgnant du côté des films de plaidoirie (M. Smith au Sénat, 12 hommes en colère ou bien Philadelphia).
Les séances d’interrogatoire permettent à Sully de se souvenir de l’événement à travers des flashbacks . Il y a donc un va-et-vient entre le présent, la vie normale et banale de Sully (quoique transformée après l’exploit) et le é, au cœur de l’action, reprenant cette alternance de American Sniper. Cette alternance entre le é et le présent permet une introspection, une interrogation du é en mettant en avant ici le doute que peut avoir le « héros » sur ses actes et sur sa vraie valeur, donc sur la signification du mot « héros » lui-même. En effet, le cinéma américain a mis et met toujours en avant ses héros infaillibles et indéfectibles, ne cessant au fil des années d’imaginer des postures de plus en plus difficiles. Plus que tout autre, le cinéma de Clint Eastwood met cette question de l’héroïsme au centre de son cinéma comme il le fait avec Impitoyable ou American Sniper. Sully n’est pas sûr d’être un héros ni de vouloir en être un. Les accusations de la compagnie n’en finissent pas de le faire douter. Peut-être n’a-t-il pas fait les bons choix, peut être aurait-il pu redre un aéroport ? Après l’amerrissage, la première obsession de Sully est le comptage. Combien de personnes ont réussi à redre la terre ferme ? L’éventualité d’avoir perdu dans l’événement un voyageur, par sa faute, est sa première peur. Un profond soulagement le gagne quand il entend le chiffre tant attendu : 155 agers, aucun disparu.
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