La Poésie est une affaire délicate, éthérée, une brise d'automne qui glisse entre les doigts. C'est le territoire des plus grands cinéastes qui de par le monde ont su la filmer où elle se trouvait... Naomi Kawase entend nous mettre le nez dedans comme un chien dans sa merde sur la moquette toute neuve.
D'une subtilité d'enclume, Still the Water assène à son spectateur des moments de grâce du quotidien comme si sa vie en dépendait. Tu l'as senti ma grâce ? Tu la vois !? Bim ! Bim ! De la grâce ! J'en remets un coup ! Bim !
Du coup, cette tranche de vie et de mort qui ne mériterait même pas un encart dans un journal local s'en trouve boursoufflée et pénible, en plus d'être filmée à l'arrache au mépris de nos pauvres yeux. Il y a à la fin une scène de typhon où la caméra est plus stable qu'en intérieur-jour...
Et même des scènes qui sur le papier avaient un potentiel magnifique sont inables. La mère qui meurt trois fois d'affilée, j'ai eu envie de déchiqueter l'écran.
Si les vieux tirent leurs personnages vers le haut, les deux jeunes acteurs ne sortent pas vivants de ce conte désespérément vide, ils sont mauvais à souhait. Mais bon, c'est pas tous les jours qu'on trouvent des gamins qui acceptent de nager à poil.