Je ne suis pas un grand amateur de film à sketchs, tirant qu’un faible plaisir à enquiller les récits courts souvent inégaux. Néanmoins, ma curiosité naissante pour le cinéma hongkongais m’a conduit à Septet, œuvre cinématographique collective à la mémoire de Hong-Kong initiée par le réalisateur Johnnie To au crépuscule de la décennie 2010. Un film divisé, comme son titre l’indique, en sept segments indépendants chacun dirigé par un réalisateur natif de la mégalopole. Bien que ces réalisateurs aient exécutés leurs gestes en toute indépendance, se dégage de ce programme une belle unité par ce rapport intime, voire autobiographique, que ces récits développent avec cette mégalopole. Les plus ionnants sont d’ailleurs ceux sur lesquelles le poids du souvenir et du temps pèse le plus fortement : le très tendre Retour au pays dirigé par l’illustre chorégraphe Yuen Woo-ping et le poignant La Voie du regretté Ringo Lam, décédé peu de temps après le tournage, constitue indiscutablement l’acmé de cette anthologie. Les cinq autres courts, bien qu’en dessous en terme d’intensité ou de densité, demeurent forts recommandables, en particulier l’anecdotique et amusant L’Entrainement de Sammo Hung, construit sur un détail de sa formation au théâtre hongkongais dans sa prime jeunesse. Seul le loufoque Conversation profonde de l’inénarrable Tsui Hark, récit à triple fond détournant les troubles identitaires nés de l’histoire tumultueuse et de la nature cosmopolite de Hong-Kong, fait figure d’anomalie. Une conclusion surprenante à cette belle déclaration d’amour à l’industrie cinématographique hongkongaise lui ayant valu un refus de visa d’exploitation par le bureau de censure chinois, la jugeant trop affecté par son é colonial.