Le roi Richard Cœur-de-Lion étant parti pour la croisade, son frère Jean a usurpé le trône du royaume, et abuse de son autorité pour écraser les pauvres gens sous d’importantes taxes. Mais le hors-la-loi Robin des bois veille au grain, et déjoue constamment les plans du prince Jean. Celui-ci décide alors de faire mourir le bandit au grand cœur par tous les moyens… Mais Robin des bois est prêt à encourir tous les risques pour les yeux de la belle Marianne !
Validé par Walt Disney avant sa mort, c’est néanmoins 10 ans après que sortira Robin des bois, sans que le maître du studio n’ait vu le projet se concrétiser. C’est par conséquent l’homme fort du moment, Wolfgang Reitherman qui prend à nouveau les rênes, fort de ses deux précédents chefs-d’œuvre que sont Les Aristochats.
Pourtant, Robin des bois n’en reste pas moins indissociablement lié au grand Walt, car il reprend de nombreux éléments de projets avortés. Ainsi, si l’influence principale du film est bien évidemment la célèbre légende du hors-la-loi britannique, on retrouve plusieurs idées issues du Roman de Renart, dont Walt Disney ne cessa jamais d’espérer en produire une version animée, telles que l’anthropomorphisme des personnages ou encore la scène où Robin et Petit Jean se déguisent en voyantes au début du film. On retrouve même le coq de Chantecler, autre projet avorté du studio, et plusieurs personnages qui avaient été dessinés pour ce projet 30 ans auparavant.
Robin des bois se montre donc digne héritier d’une longue tradition Disney ; il hérite d'ailleurs des productions précédentes jusque dans sa forme – ce que de nombreux détracteurs du studio ne se sont pas privés de souligner – puisque plusieurs séquences sont directement reprises de films antérieurs et calqués avec les personnages de Robin des bois : la danse de Marianne n’est pas sans évoquer celle de Duchesse des Aristochats, notamment, tandis que les personnages de Petit Jean et de Triste Sire semblent des reprises à peine camouflées d’un Baloo ou d’un Kaa du Livre de la jungle.
Ce serait toutefois bien malhonnête de s’arrêter à de tels détails quand on voit le souci du détail et la créativité sans pareille dont font preuve les animateurs Disney dans Robin des bois. En effet, le film de Reitherman se trace rapidement son propre chemin, s’éloignant de ses aînés tout en gardant une parenté esthétique évidente (et nécessaire) avec eux. L’ensemble du film, du scénario aux dialogues (parmi les meilleurs jamais entendus dans un Disney) en ant par les personnages, témoigne d’une écriture parfaite en tous points, valorisant chaque personnage, aussi secondaire soit-il. C’est ce qui permet au trait fin et coloré des animateurs Disney de revêtir une vie toute particulière, nous faisant presque entendre et sentir la respiration des personnages juste à côté de nous, tant l’immersion est garantie totale.
En outre, sans jamais renoncer au délicieux humour cartoonesque des Aristochats (les scènes cultes du tournoi et de l’évasion finale) dont l’adéquation avec la musique du génial George Bruns est toujours aussi efficace, Robin des bois parvient toutefois à partager d’authentiques sentiments, notamment au travers des scènes du sheriff de Nottingham oppressant les pauvres, créant un étonnant lien d’empathie entre le spectateur et les personnages comme on n’en avait rarement vu d’aussi fort. Par cet attachement total du spectateur dont bénéficient les différents protagonistes du film, le film de Reitherman réussit à faire oublier ses quelques indéniables inégalités de rythmes (les trois chansons-phares du film qui se succèdent en moins de 10 minutes, laissant le reste du film quasiment vierge de chansons) pour nous faire goûter à 200% les innombrables qualités de cette magnifique pépite d’animation, qui fait sans nul doute partie des plus grandes heures que les studios Disney aient connues.