Douze vaisseaux extraterrestres apparaissent en divers points du globe, suscitant un mouvement de panique à l’échelle mondiale. Face aux difficultés de communication avec les extraterrestres, l’armée américaine recrute l’experte en linguistique Louise Banks (Amy Adams) pour les aider à déterminer les intentions des créatures de l’espace…
Après le drame, le film policier, le délire bizarroïde à base de psychologie freudienne à deux ronds (pardon pour le pléonasme…) et le thriller, Villeneuve s’essaye à la science-fiction. Comme il l’a montré avec toutes ses œuvres précédents, ce qui l’intéresse le plus, c’est l’aspect psychologique de ses histoires. Dans Premier , il l’illustre encore une fois en sacrifiant le spectaculaire à la dimension humaine du récit. C’est sans doute ce qui fait sortir Premier du lot, bénéficiant notamment d’une prestation incroyable d’Amy Adams.
Mais ce qui rend ce film particulièrement exceptionnel, c’est bien sûr le fait d’envisager une rencontre entre humains et extraterrestres par le prisme du langage. Idée parfaitement exploitée dans des scènes visuellement superbes où l’on assiste à la prise de paroles d’extraterrestres par des voies non verbales, et qui donnent en outre à réfléchir. Car en effet, par le rapport au langage, c’est notre rapport au temps qui est directement questionné, et, sans révéler la fin, on se contentera de dire que Villeneuve aborde cette question d’une manière qu’un Christopher Nolan n’aurait pas dénigrée…
Si l’usage de paradoxe temporel laisse toujours un risque d’incohérence s’introduire dans un film à l’apparence néanmoins rigoureuse, on se laissera porter par cette ambiance fascinante sans chercher à aller plus loin que la pose de la dernière pièce d’un puzzle complexe mais pas abscons (oui, c'est Enemy que je vise…). Et c’est avec iration que l’on regardera un film de science-fiction à l’intelligence bien plus élevée que la moyenne. Ce qui n'est jamais un luxe dans le paysage cinématographique contemporain...