Petit mais grand

Grandir, mûrir, ça n’est pas toujours évident. Ce récit d’apprentissage subtil dépeint avec intelligence et de délicatesse les tourments d’un enfant en décalage avec son environnement social.


Le cinéma a souvent été un terreau fertile pour les récits sur l’émancipation de l’enfance et on ne compte plus les films qui appartiennent à ce genre, dit coming-of-age. Petite nature appartient à cette catégorie. Johnny (Aliocha Reinert) est un enfant de 10 ans à la fois très mature et sensible qui e la plupart de son temps libre à s’occuper de sa petite sœur, sa mère étant souvent absente. Son nouveau professeur (Antoine Reinartz) perçoit son déphasage par rapport aux camarades de son âge et le prend sous son aile. Cela va déclencher chez Johnny une prise de conscience, une révélation, un bouleversement.


Le réalisateur Samuel Theis, comédien de formation, est particulièrement doué dans l’art de choisir et diriger ses acteurs. Ici, une grande partie de la réussite du film repose sur la performance habitée d’Aliocha Reinert. Ce dernier incarne Johnny avec une densité et un charisme qui rend son personnage particulièrement complexe et attachant. Cette justesse se retrouve à tous les niveaux du film, que ce soit chez les autres protagonistes qui gravitent autour de Johnny ou le regard porté sur cet environnement social précaire. A l’instar de son premier long-métrage Party Girl, le metteur en scène a tourné avec un casting essentiellement non-professionnel afin de ne pas travestir les classes populaires dont parle le film. Le pari est réussi : le film parvient à parler de l’émancipation de ces classes sans jugement ni mépris. Cette finesse dans le traitement de son propos se retrouve également quand le film raconte les premiers émois de Johnny. Ces scènes, scabreuses sur le papier, sont particulièrement élégantes grâce à la délicatesse de la mise en scène.


Avec Petite nature, Samuel Theis confirme donc qu’il est un véritable conteur du réel. Son cinéma parvient à sublimer le quotidien laborieux et à fissurer le déterminisme social avec une virtuosité retenue et un regard délicat.

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le 4 mars 2022

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el_blasio

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