En 2023, la réalisatrice Amélie Bonnin remporte le césar du meilleur court-métrage pour Partir un Jour avec Juliette Armanet et Bastien Bouillon. En 2025, elle revient avec une version longue, ou elle retrouve le même duo, pour effectuer l’ouverture du festival de Cannes.
Cécile (Juliette Armanet) est une cheffe de cuisine. Elle se prépare à ouvrir son premier restaurant, tout en apprenant qu’elle est enceinte et que son père (François Rollin) a eu son troisième infarctus, ce qui l’oblige à revenir dans son village natal. Elle va retrouver Raphaël (Bastien Bouillon), son amour de jeunesse et se replonger dans son é.
A ma grande surprise, Partir un Jour est une comédie musicale. La bande annonce ne laissait pas entrevoir cet aspect du film. Un genre auquel je suis plutôt réfractaire, surtout que la première scène musicale n’augure rien de bon et me plonge dans un état de détresse absolu.
Contre toute attente, mon état ne va pas perdurer, bien au contraire. Dès son arrivée dans la cuisine familiale, ou sa mère (Dominique Blanc) et son père se disputent, cela donne une autre tonalité à l’œuvre aussi éclectique que ses choix musicaux. Un père, dont la fille en est le propre reflet, qui est aussi buté qu’elle. Il se balade avec son carnet, où il a noté toutes les réflexions de sa fille lors de son age à Top Chef, pour lui ressortir avec un malin plaisir, ainsi que pour le notre.
La fille, comme le père, ne trouve son salut que dans la pénombre et la frénésie de leurs cuisines respectives. C’est une question de transmission avec cette fille qui est dans la reproduction, comme dans son rapport avec son compagnon (Tewfik Jallab), identique à celui entre sa mère et son père.
Dans ce contexte, Cécile trouve un exutoire en renouant avec son é, à travers Raphaël. Le temps semble s’être arrêté depuis son départ. Comme le signifie un de ses amis d’enfance, ils vivent dans une faille spatio-temporelle. Les souvenirs refont surface, comme les sentiments. Mais le temps a fait son œuvre. Chacun a fait des choix de vie qui ne sont plus conciliables avec les personnes qu’ils sont devenues, même si la flamme semble encore briller aux fonds de leurs yeux.
L’histoire est ponctuée de pauses musicales. Elles sont d’une durée variable et bénéficient d’un arrangement différent des versions originales. Surtout, elles sont en lien avec les événements, en se montrant aussi drôles que mélancoliques, ce qui donne envie de pousser la chansonnette avec leurs interprètes. On a l’impression d’être dans un karaoké, un sentiment qui se confirme avec son générique qui défile comme dans ces lieux où des amateurs.trices s’égosillent en maltraitant nos tympans.
Partir un Jour est le premier long métrage d’Amélie Bonnin. Il n’est pas exempt de défauts comme son regrettable antagonisme entre la ville et la campagne, alors que chacun à ses avantages, comme ses inconvénients. Un procédé qui ne satisfait qu’une nostalgique ou le fameux “c’était mieux avant” trouve souvent un écho tristement favorable, avec une propension à déposer un bulletin à la flamme bleu et rouge dans les urnes.
En dehors de cette anicroche, Partir un Jour est une bouffée d’air frais. Un moment suspendu imaginé par Amélie Bonnin et Dimitri Lucas avec un rafraîchissant duo Juliette Armanet et Bastien Bouillon, ainsi que leurs illustres ainés Dominique Blanc et François Rollin, sans oublier leur adorable chien.