Réaliser une roue arrière, à moto, pour séduire les filles, c'est évidemment un truc adolescent. Le refaire, des années plus tard, est à la fois régressif et nostalgique, et qui ne l'est pas, peu ou prou, en ce bas monde. C'est un peu cela, Partir un jour, une bouffée de mélancolie assortie d'un léger regret vis-à-vis d'une vie que l'on a pas eue, parce que l'existence n'est qu'une succession de choix. Le sujet du film fort humble mais a le mérite de parler à tout le monde, enfin ceux qui sentent le temps er trop vite. La mise en scène d'Amélie Bonnin manque très certainement de brio mais les dialogues non et le choix des chansons, qui rythment et emballent l'ensemble, surprennent positivement, sans esprit de chapelle, dans un registre populaire, qui n'est pas un gros mot, il est bon de le rappeler. Mais c'est dans la direction d'acteurs que la réalisatrice se montre la plus convaincante. Julie Armanet est plus que parfaite, et pas seulement parce qu'elle est la seule chanteuse professionnelle du lot et elle forme un couple plus qu'attachant avec le toujours impeccable Bastien Bouillon. Le film réussit aussi à saisir, dans la seconde, la psychologie des seconds rôles incarnés par François Rollin, Dominique Blanc et Tewfik Jallab, tous d'une justesse irréprochable. Alors, d'accord, Partir un jour est un petit film, pour qui l'ouverture de Cannes est peut-être un trop grand privilège mais son cœur battant s'offre avec une telle générosité qu'il serait désobligeant de le mépriser.