Au pays des aveugles, l'amour illumine.
Aujourd'hui, quand on se rappelle de ce film, on pense souvent à son remake américain, qui a permis à Al Pacino de décrocher son seul Oscar.
Mais il ne faut pas oublier celui-ci, qui est une splendeur absolue de finesse, et où la ligne entre la comédie et le drame n'est jamais aussi bien ténue.
Porté par un Vittorio Gassman exceptionnel en aveugle à la fois fripon et grave, ce film est finalement aussi bien le voyage initiatique d'un jeune homme qui l'accompagne pour rencontrer un cousin, également aveugle et la confirmation d'un homme plus âgé pour qui la vie ne vaut plus la peine d'être vécue si on ne peut plus en profiter pleinement.
Dans sa première partie, le film est souvent drôle, Gassman jouant de sa cécité pour draguer ouvertement, pour hurler ce qu'il pense ou pour rudoyer son jeune et candide guide, et qui a un "don" particulier ; celui de reconnaitre les femmes grâce au parfum qu'elles dégagent.
Ensuite, quand Gassman arrive chez son cousin, le ton va se faire plus grave, notamment avec l'irruption d'une jeune femme (la sublimissime Agostina Belle, belle à en mourir) qui lui fera remémorer son é de voyant...
C'est un film très émouvant, car la palette d'expressions de Gassman est bien plus large que ce qu'un simple rôle d'aveugle pourrait permettre, et si sa dureté de façade fait souvent mouche au premier abord, il se révèle être un être fissuré, tel un homme qui ne veut pas ettre sa faiblesse face aux femmes.
Ce genre de films me donne raison sur le fait qu'il faut toujours persévérer quand un genre (la comédie à l'italienne) ne convient pas au premier abord ; en grattant, on y découvre des merveilles, comme celui-ci !