J’ai vu un film bien moisi récemment, mais dont j’ai un craquage particulier pour le scenario et les personnages : Nosferatu, version 2024. Comme beaucoup de films actuels, on a une suite ininterrompue, fatigante et accélérée de petites saynètes mitraillées tout du long, évidemment incapables d’avoir le temps et le talent de provoquer la moindre émotion, profondeur ou empathie, agglutinant comme un long clip une suite d’informations scénaristiques froides, bâclées et sans surprise quand on connait l‘histoire. Aucune originalité par rapport au roman de Bram Stocker, aucune nouveauté par rapport aux précédentes versions. Des effets spéciaux, du rythme, des maquillages, des lumières et des décors qui remplacent l’intelligence et l’émotion. Comme c’est contemporain… Des acteurs, même talentueux, réduits à des endives agitées qui exigent, en vain, d'exister devant la caméra, normal, ils n'ont que 30 ou 40 secondes pour s'exprimer...
Le premier, Nosferatu le vampire, celui de 1922, reste sans doute le plus irremplaçable, le plus fidèle au roman, le plus effrayant peut-être, justement parce qu’il est muet ; il nous force à régurgiter nos propres peurs, en nous forçant avec une simplicité déconcertante à tout deviner, tout ressentir, tout concevoir, ce qui est on ne peut plus efficace puisque c’est notre propre et implacable imagination qui travaille.
J’avais adoré la version de 1978, Nosferatu fantôme de la nuit, mais ma vision n’est sans doute pas objective puisque, à 12 ans, c’était la première que je voyais cette histoire. Enormes Klaus Kinski et Isabelle Adjani. J’avais été abasourdi. Certaines scènes et aspects scénaristiques versaient dans le surréalisme, ce qui avait provoqué des critiques à l’époque ; perso j’avais plongé à fond dedans et c’était délicieusement masochiste.
La meilleure version, l’indétrônée jusqu’à présent à mes yeux, reste celle de Coppola de 1992, Dracula. Qui fabrique une œuvre intelligente et créative, en mélangeant dans le même scenario l’histoire du personnage historique de Vlad III l’Empaleur de Transylvanie, et bien sûr de celui du roman de 1896 qu’il a inspiré. Avec une panoplie d’acteurs mythiques et extraordinaires.
Bon. Il parait que Luc Besson va nous sortir sa version dans peu de temps. On va bien voir. Par réflexe j’ai envie de rigoler d’avance, mais enfin, on ne sait jamais, ça va peut-être être bien… Ah, espoir, quand tu nous tiens…