"Nada" est une farce; une farce tragique, à en juger, au-delà d'un certain ton de dérision adopté par Chabrol, par la
violence dramatique
dans laquelle se dénoue ce fait divers du terrorisme. L'enlèvement de l'ambassadeur américain dans un bordel parisien (!) par un groupe d'extrême gauche met face à face un commando mu par son utopie révolutionnaire et de hauts fonctionnaires, grotesques, de l'Etat français. La lutte est vaine, comme un jeu de dupes, semble dire Chabrol, où la forme d'action des premiers, déjà compromise par un certain amateurisme et quelques dissensions idéologiques, parait dérisoire et rencontre l'implacable châtiment des seconds dans une sorte de routine du terrorisme. Un statu quo prévisible sanctionnera
le rapt du diplomate américain mais n'aura fait, d'un camp à l'autre, que des victimes.
Film à thèse, intrigue à suspense ,"Nada" expose ironiquement l'action irréaliste et vaine de l'extrême gauche contre un Etat sans foi ni loi. Le sujet aurait pu faire l'objet d'une comédie; cependant, l'approche satirique de Chabrol ne veut pas éluder la gravité des faits. C'est pourquoi on suit avec un certain intérêt cette chronique ordinaire du terrorisme politique qui sait, par moments, être rigoureuse.