En toute logique, le film de Robert Siodmak porte le nom de son personnage principal, ce commandant de navire se livrant, autour de Shanghai, au trafic d'armes pour son propre compte. Harry Baur est l'interprète forcément charismatique de cette figure qui constitue à la fois le sujet et l'intérêt essentiel du film.
Il est cet homme aimé de son équipage, bien épaulé par son loyal second Albert Préjean. Dans un Shanghai complètement artificiel, comme on s'en doute, les tractations illicites de Mollenard peuvent sembler anecdotiques mais découvre un homme débonnaire et roublard. Un caractère qu'on perd de vue dans la seconde partie du film, tant il est mal engoncé dans la famille et dans la petite bourgeoisie de province.
Harry Baur, lui, est à son aise dans ce rôle "moralement incorrect" pour l'époque. Précisément, l'intérêt et la fantaisie qui émanent de Mollenard proviennent de son caractère anarchisant, de sa liberté qui le porte à l'insoumission et du refus des convenances, tant morales, domestiques que professionnelles. L'acteur fait er, à la fin, une vraie émotion, à la mesure de la sympathie que ce personnage impertinent et libre nous inspire.