Phase terminale

L’impressionnant abatage promotionnel entourant la sortie de ce dernier Mission : Impossible ferait presque oublier la situation de crise qui présida sa mise en chantier. En effet, la contre performance en salle de The Dead Reckonning Partie 1 avait contraint Tom Cruise et Christopher McQuarrie à revoir précipitamment leur plan pour la seconde partie alors retitrée The Final Reckoning. Un travail de réécriture qui s’est poursuivi jusqu’en postproduction, marquée par le retrait inattendu et tardif du compositeur Lorne Balfe des crédits du film. Des efforts qui se soldent malheureusement par un échec : The Final Reckoning est le plus faible épisode de la franchise. La séquence à bord du Sébastopol – de très loin la plus palpitante d’un film étrangement chiche en action – qui met en scène un Ethan Hunt au prise avec un sous-marin menaçant de sombrer dans les abysses résume d’ailleurs la problématique à laquelle fait face une saga qui, tournant sur elle-même depuis deux épisodes, se rapproche dangereusement du vide. Mais outre ce déclin manifeste et cette impression de recyclage permanent, The Final Reckoning souffre d’épuisements. Formel d’abord, le tandem McQuarrie/Cruise échouant à produire des séquences mémorables et récréatives qui ponctuaient encore le pourtant déjà fastidieux précédent volet. Narratif ensuite, son caractère sur-explicatif – jusqu’à la confusion - trahissant l’absence de confiance de McQuarrie et Cruise en leur spectateur. La première heure et quart se présente ainsi comme un long et pesant résumé de trente ans de Mission : Impossible au cinéma sans qu’il ne soit parvenu à générer chez moi une émotion semblable à celle provoquée par l’ouverture d’un vieil album de famille. Un constat s’impose donc : cette saga n’a plus rien à raconter.