Mise à jour 2024 - Oui, c'est toujours un chef-d'oeuvre, et il n'a pas pris une ride.
MI2 est un film aussi simple et limpide dans sa structure qu'il peut être difficile à appréhender. Et si vous n'avez rien compris à cette phrase, vous êtes probablement dans le bon état d'esprit pour le regarder.
Je ne me lancerai pas dans une grande analyse cinéphilique de la gangrène capitaliste qui ronge l'oeuvre du maître du cinéma hongkongais depuis qu'il a vendu son âme à l'oncle Sam. Je ne tenterai pas non plus de faire er MI2 pour un monument contemplatif du 7e Art ou une allégorie sur la mythologie Grecque. Et surtout, je ne m'aventurerai même pas sur la pente aguicheuse de la comparaison entre cet opus et celui de Brian*OLOL-MISSIONTOMARS*De Palma, car les deux films sont aussi excellents qu’ils sont différents.
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À sa sortie, MI2 était juste un bon film d'action, voir un très bon film d'action, selon vos affinités avec le genre et ce que vous en attendez. Il en fait des tonnes, se prend résolument au sérieux, aligne les scènes de bravoure et les sentiments exacerbés sans jamais décélérer, et ne recule devant aucun raccourci pour délivrer une action frénétique et terriblement spectaculaire, avec une mise en scène maîtrisée au poil et un art de la colombe en slow-mo à faire pleurer l'ornithologue le plus blasé.
On apprécie Anthony Hopkins qui nous écrase encore de son charisme malsain et glisse quelques vannes misogynes, parce qu'on est en 2000, le torse velu Brendan Gleeson, et Thandiwe Newton qu'on découvrira 15 ans plus tard dans Westworld et qui n'avait pas encore appris à jouer. Mais surtout, le film remplit avec brio son quota d'action sur-abusée, de pyrotechnie invraisemblable (avec 60 kg de C4 et de kérosène dans chaque voiture qui fait un tonneau) et une collection de cabrioles chorégraphiées sponsorisées par maître Miyagi.
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En le revoyant en 2024, je me retrouve à lui ajouter deux points, car dans le style qu'il embrasse avec une ion enfiévrée, je vois difficilement comment faire mieux. Son style, c'est cette brève et précieuse intersection du cinéma hongkongais et de la machine Hollywoodienne. Concrètement, ça consiste à coller un budget invraisemblable sur des scènes d'actions acrobatiques en slow-motion avec un maximum d'explosions, d'étincelles, de pigeons, de verre brisé, et des héros qui défient les lois de la physique pour bondir à l'horizontale entre les balles.
Pas le temps de se glisser des petites blagounettes à la Marvel dans l'oreillette. Ici, tout est outrageusement dramatique : les héros sont très sérieux et très amoureux, le méchant est horriblement odieux et il a des flammes dans les yeux quand il est en colère. On se tabasse sur fond d'océan déchainé, parce que le symbolisme, c'est important. La BO de Zimmer en remet une couche avec des pistes délicieusement épiques : https://www.youtube.com/watch?v=udBLIulzITo
MI2 partage un trop petit podium avec Volte-Face (Travolta vs Cage) qui en faisait lui aussi des caisses avec un sérieux imperturbable. Seulement, là où Volte-Face ne savait pas s'arrêter et laissait trainer ses fusillades au-delà du raisonnable, MI2 est tout en retenue. Chaque balle compte, chaque coup de pompe dans la gueule est un moment de tension et un rebondissement dans l'histoire, et putain, qu'est-ce que c'est bon.
Avant de s'industrialiser quand Tom Cruise a décidé de s'entourer d'exécutants de seconde zone pour mettre ses cascades en valeur (JJ Abrams, Brad Bird), Mission Impossible semblait partie pour suivre une trajectoire similaire à Alien : des opus très différents réalisés par de grands réalisateurs imposant leurs styles respectifs. De Palma, John Woo, la route semblait pavée p-- Ah, salut J.J., tu t'es trompé de plateau ? Eh merde...