Mickey et son ours de père vivent dans une carriole dans le fin fond du Montana. La lycéenne a semble-t-il perdu sa mère et voit depuis son père plonger inexorablement vers une dépendance aux opiacés et plus largement vers une dépendance totale de sa fille. Entrant dans sa majorité, celle-ci est alors tiraillée entre ses envies d’émancipation (celle d’aller étudier dans une grande université de la côte Ouest) et sa responsabilité envers son père. L’héroïne prend alors les traits du nouveau grand personnage américain, celui d’une femme qui refa la place à laquelle le patriarcat et le déterminisme social américain l’avaient a priori condamné.
La relation père-fille du film ressemble à s’y méprendre à celle de My Absolute Darling, premier roman de Gabriel Tallent qui a récemment secoué le pays. Le livre raconte la survie d’une gamine face à la violence extrême exercée par son père. Si dans le film d’Annabelle Attanasio la relation est beaucoup moins noire que dans celle du roman, se dégage une héroïne similaire qui échappera à la vie dont elle a hérité. On assiste alors à une sorte d’American Dream deuxième génération bâtie sur les cendres de la première. Tout est possible en Amérique pour ceux issus de ceux pour qui ça n’a jamais été possible.