Cette bio d'une figure emblématique et controversée de l'indépendance irlandaise lisse un peu trop la personnalité complexe du héros, ajustant les rigueurs du récit hagiographique aux exigences d'un cinéma à grand spectacle plein de fougue, c'est ce qui explique que certains thèmes soient abordés mais peu creusés. Ceci dit, le réalisateur éclaire notre lanterne en matière historique car pour le reste de l'Europe, la révolution irlandaise est très méconnue. La fresque est donc grandiose, avec une reconstitution scrupuleuse jusqu'à l'accent irish, mais elle se révèle aussi par moments un peu trop dense pour qui n'est pas ionné par ce sujet.
Refusant de présenter Michael Collins comme un héros épique, le réalisateur choisit le parti-pris du réalisme, c'est donc un spectacle cruel parfois et sans concessions, porté magnifiquement par le charisme de Liam Neeson. S'il mène aujourd'hui une belle carrière dans les films d'action, on est en droit de le préférer dans ce type de rôle, dans un film au ton grave qui n'oublie pas non plus les seconds rôles comme Alan Rickman, Julia Roberts, Aidan Quinn ou Charles Dance...