Fut un temps où Samuel Wilder n’était pas encore Billy et ne faisait pas les beaux jours du cinéma américain grâce à différents chefs d’œuvres tels que La Garçonnière. Ce temps-là, c’était au beau milieu des années 1930 où, après avoir notamment vécu à Viennes et Berlin et écrit quelques scénarios, il choisit de s’exiler suite à l’arrivé d’Hitler au pouvoir et ce sera à Paris, rue de Saïgon où il fréquente d’autres exilés comme Peter Lorre.
C’est ici et dans ce contexte-là qu’il met en scène Mauvaise Graine avec comme actrice principale une jeune étudiante du nom de Danielle Darrieux. Réalisé avec l'aide d'Alexandre Esway, cette œuvre nous immerge au cœur d'un gang où amour, trahison et amitié seront au rendez-vous. Je dois d'abord reconnaître que je m’attendais à pire vu sa réputation, si c’est parfois un peu brouillon et qu'il y a quelques failles dans l'écriture (notamment dans les personnages ou l'avancement de l'histoire), l’ensemble reste sympathique, bien rythmé, plutôt efficace et emmené par des personnages un minimum intéressants et attachants.
Les dialogues sont réussis, assez naturels et rafraichissant dans l'ensemble, un peu à l'image de l'œuvre. Surtout que le jeune Billy Wilder n'en oublie pas quelques petites touches d'humour qui dans provoquent l'effet voulu. On pourra aussi apprécier le charme d’un Paris d’antan bien capté par le futur metteur en scène d'Assurance sur la Mort, que ce soit au niveau des paysages ou des personnages (tout est d'ailleurs tourné en décors naturels). Agée de dix-sept ans lors du tournage, Danielle Darieux est pétillante et en face d’elle, Pierre Mingand est impeccable, comme l'ensemble du casting par ailleurs.
Suite à cette œuvre, le metteur en scène Joe May emporta un scénario de Billy Wilder avec lui à Hollywood, réussissant à convaincre un studio de recruter le jeune cinéaste qui obtient de suite un visa pour le pays de l’oncle Sam… Et Samuel devint Billy…