Mélodrame d’un grand classicisme, quasi vintage, Mal de Pierres porte très haut le pouvoir du romantisme et de la ion amoureuse. A travers une mise en scène rêche, Nicole Garcia film avec un contrôle parfois excessif le destin fiévreux de Gabrielle, sans grande fulgurance mais en délivrant çà et là quelques plans iconiques de son actrice. Et quelle actrice. Marion Cotillard incarne avec exaltation ce personnage bovarien, entier et incandescent. Cette Gabrielle, femme-enfant menée par ses désirs, têtue et abrupte dans ses relations aux autres, constitue un nouveau registre pour la comédienne (qui ne vieillit pas, c’en est terrifiant), un de plus. La précision et la justesse avec laquelle elle adapte son phrasé, très sec, et sa démarche, un peu lourde, sont effarantes (qu’après avoir vu La Môme, Un Long dimanche, De rouille et d’os, The Immigrant, Deux jours Une nuit, Mc Beth –et même Dikkenek – on puisse encore douter qu’il s’agisse de la plus grande actrice que la est jamais eu m’interpellera toujours – je ferme la parenthèse).
Sa performance porte tant le film qu’elle a tendance à éclipser ce qui l’entoure, à commencer par ses partenaires, pas très bien servi par le peu de profondeur de leurs personnages. Son mari, touchant par moment mais dans l’ensemble assez caricatural, mais surtout l’officier incarné par Louis Garrel, particulièrement insipide et à l’opposé de la tentation charnelle qu’il est supposé incarné.
De ce fait, le scénario a beaucoup de mal à saisir la ion qui est censée gagner Gabrielle lorsqu’elle rencontre ce lieutenant. Ce qui devait être le cœur du récit en est sa principale faiblesse, avec son dénouement assez grotesque.
Mal de Pierres est ainsi un drame old school assez inégal, un peu hors du temps mais sublimé par la présence et le talent de son actrice principale, absolument et magnifiquement dévouée à son rôle.