Quand je ne sais pas quoi penser d’un film, j’en viens à me poser la bonne vieille question du « est-ce que c’est un film que je (re)verrai à la TV un dimanche soir de farniente ? Si c’est un oui le film oscillera entre 6 et 7. Là c’est un non car franchement je n’ai pas adhéré. A quoi direz-vous ? A rien !
C’était pourtant une de mes attentes de l’année, le trio en brochette étant plutôt plaisant et le pitch assez fun. Autre point positif Remi Bozon aux commandes dont j’avais bien apprécié l’étrangeté et l’audace de « La » cela pouvait donner.
Mais très vite, j’ai déchanté. Cela tient déjà au contexte, combien de fois n’a-t-on pas vu un professeur en souf face à des élèves quasi incontrôlables ? De « Zéro de conduite » 1933 au film « Les grands esprits » 2017 tout semble avoir été dit ou filmé. Et ce n’est pas ce subterfuge stevensonien qui apporte l’originalité, bien au contraire. Et les deux thèmes surlignés, transmission du savoir (plutôt son échec) et le manque de communication entre les êtres, véritables épines dorsales du métrage, sont à peine mieux traités. On sent bien pourtant que Bozon rame pour conserver l’idée par son approche aux personnages mais tout cela tourne à vide et reste factice.
Factice, le mot est lâché. Principalement par le jeu des acteurs, notamment celui d’Isabelle Huppert. Si l’on en vient à comparer « L’avenir » où elle incarne également une prof et « Madame Hyde » nous sommes ici à des années lumière de la performance. Ici, tous les mécanismes d’Huppert resurgissent, comme si épuisée d’une série d’interprétations fantastiques, elle en vient à puiser ça et là quelques tics de jeu pas toujours adaptés et ne convainc jamais, excepté peut-être à la fin. Le reste du casting n’est guère plus brillant. On peut se dire que cela est intentionnel, il n’en est pas moins que cela devient très vite agaçant.
Agaçant également la forme du film… auquel l’adage d’un Chamfort pourrait s’appliquer, « à quoi sert d’avoir les dentelles avant d’avoir la chemise ? ». En règle générale je suis assez adepte de l’originalité et du décalage mais là elle est sans fondement et n’aboutit à pas grand-chose. Bozon en donnant une forte connotation politique à son film ne s’attache qu’au concept oubliant un peu l’essentiel, la crédibilité et freine toute interaction (tiens tiens ça me rappelle quelque chose) avec le public.
Quand Stevenson écrivit son roman la dimension de dualité entre mal et bien, nantis et bas fonds jouait beaucoup sur l’aspect psychologique, ici madame Hyde, toute électrisée qu’elle soit est un peu falote et son histoire au final assez vaine.