Honnêtement, mon manque d'objectivité sur Serebrennikov ne m'a malheureusement pas empêché de trouver ce film mid à souhait. La folie créatrice du réalisateur a toujours des éclairs de génie (la scène ou les années défilent scène par scène en parallèle de Limonov dans New York est d'une inspiration folle) mais elle s'éparpille trop pour avoir un impact positif sur le film. Le personnage de Limonov est historiquement trop peu intéressant pour mériter un biopic de 2h20 ! La libre adaptation est intéressante mais il est de fait difficile de trouver une évolution du personnage qui est utilisé, non pas en tant que tel, pas non plus pour le récit, mais seulement comme prétexte, pour faire vivre les scènes. Je ne déplore pas le manque de cohérence mais il n'est pas justifié par un message fort dans chacune des parties du film.
Enfin, sur le propos, je trouve déplorable que le film soit joué en anglais. Cela montre pour moi à quel point le récit de Limonov se rapproche de celui de Serebrennikov. L'un comme l'autre semble rester persuadé de l'intérêt supérieur de la Russie et des Russes sur le reste du monde tout en critiquant immensément un régime qui sert le même discours. La notoriété acquise en Occident grâce à cette critique du régime est montré comme un opportunisme de Limonov dans le film. Pour autant, cette critique est une autocritique tant la notoriété actuelle de Serebrennikov en Occident paraît liée à son rejet du régime de Poutine. Ce film est pour moi trop nombriliste, Serebrennikov fait sa propre introspection à travers le personnage de Limonov mais peine à dégager un esprit de son film, et peut-être pire encore, il peine à le faire penser.