Magnifique portrait d'une jeunesse nouvelle, qui s'éveille politiquement et sexuellement, celle qui se perd, celle qui expérimente, celle qui est désorientée par la crise algérienne et la trahison de De Gaulle, les premiers pas de 1968, dont la beauté et la sensibilité du récit reviennent surtout aux quatre magnifiques jeunes acteurs et aux deux professeurs. C'est un film qui parle merveilleusement d'une époque et qui prend toujours sens à l'heure actuelle, avec cette jeunesse en déroute, cet avenir certain, cette peur de la mort, et pourtant cette indicible envie à franchir les limites, à explorer le sens du mot "vivant". Quand le film est éclairé par la fraîcheur de Elodie Bouchez, la réalité politique de Frédéric Gorny et la photographie lumineuse du Sud-Ouest, il ne reste plus qu'à se taire, et à observer ces jeunes se perdre et se retrouver dans ce dernier plan panoramique, d'une lancinante mélancolie.