Je m’attendais à beaucoup mieux de ce film, lauréat du prix Un Certain Regard à Cannes en 2022. Le sujet avait du potentiel : une mise en abyme autour du tournage d’un long-métrage, porté par des acteurs pour la plupart sans expérience — tout comme le film lui-même, interprété par... devinez... des acteurs sans expérience. C’était une belle idée de départ.
Lise Akoka et Romane Gueret ont manifestement voulu capter des instantanés de vie à partir de cette base scénaristique. Et il faut leur reconnaître une direction d’acteurs très solide ; les scènes sonnent juste.
Mais le film croule sous une multitude d’intrigues à peine esquissées. Certaines sont abandonnées en cours de route, créant un déséquilibre gênant entre les personnages. On est censé suivre deux filles et deux garçons, sauf qu’une fille (celle qui veut quitter le tournage) et un garçon (celui au é de délinquant) sont quasiment laissés de côté. Peut-être parce que les réalisatrices se sont rendu compte, un peu trop tard, que la caméra ne les aimait pas — oui, je sais, c’est cruel à dire ! — mais ils paraissent bien fades comparés aux deux autres, en particulier à Mallory Wanecque (j’y reviens plus loin !). Franchement, ces personnages auraient pu être supprimés. Ils n’apportent rien. Et ce n'est pas comme s'il n'y avait pas d'autres choses à approfondir.
Timéo Mahaut, lui, tire son épingle du jeu dans quelques scènes. Mais c’est Mallory Wanecque qui crève l’écran. Elle défonce tout. Elle est charismatique. Elle est cinégénique. Elle impose naturellement une forte présence. La caméra l’adore. Quand son personnage se fait des illusions sur une histoire d’amour et sur une future carrière dans le cinéma, on a envie de lui dire d’arrêter de se faire des films sur son crush… mais qu’en revanche, elle a toutes ses chances pour faire des films dans la vraie vie. Oui, j’avoue, à force de mise en abyme, j’ai fini par confondre l’actrice et son personnage. Elle a ce “truc en plus”, et je ne suis pas surpris qu’elle ait su se faire une place dans le milieu depuis. Si ce film a une véritable raison d’être, c’est de l’avoir révélée.
Autrement, plusieurs thématiques complexes sont à peine abordées : la déontologie du tournage, les clichés négatifs sur les cités… Mais à part une scène pour la première et un bref dialogue, rapidement expédié sur la fin, pour la seconde, le film reste à la surface. Comme si les réalisatrices (également scénaristes) n’avaient pas voulu trop se fouler à l’écriture.
Résultat : une œuvre bancale, frustrante, qui laisse une impression de superficialité. Dommage.