La loi du père, l’élan des filles
Avec Les Graines du figuier sauvage, Mohammad Rasoulof propose un drame familial tendu, chargé d’une portée politique indéniable. Tourné dans la clandestinité, le film s’impose d’abord par son courage et sa radicalité : en suivant un juge du régime iranien confronté aux engagements militants de ses filles, le cinéaste explore la porosité entre pouvoir et sphère privée, dans une société où l’idéologie s’infiltre jusque dans les liens familiaux.
La mise en scène est rigoureuse, presque ascétique, parfois au risque d’une certaine sécheresse émotionnelle. Si la tension narrative – nourrie par la disparition d’une arme et la paranoïa grandissante du père – est efficace, elle tend à devenir appuyée, voire illustrative. À trop vouloir incarner l’oppression dans chaque silence, chaque regard, Rasoulof frôle parfois le didactisme.
Reste une œuvre forte, indispensable dans son contexte, mais dont la charge symbolique prend parfois le pas sur la nuance dramatique. Le film touche par moments au sublime – notamment dans ses scènes d’effondrement moral –, mais sa mécanique, rigide, bride un peu l’élan émotionnel. Un film nécessaire, mais pas toujours aussi fluide qu’il le voudrait.