The Substance : overdose de style
Avec The Substance, Coralie Fargeat, remarquée pour Revenge, revient en force avec une œuvre radicale, hybride, et ostensiblement provocatrice.
La promesse : une satire violente des injonctions à la beauté et à la jeunesse. Le résultat ? Un film qui claque… et qui lasse.
Le corps comme champ de bataille : Il faut saluer l’ambition formelle : The Substance n’a pas peur de l’excès, ni du grotesque. La mise en scène, très stylisée, convoque aussi bien Cronenberg que Verhoeven, avec un goût marqué pour l’organique, la pulsion, le latex et la chair altérée. Demi Moore, impressionnante, incarne une figure tragique prise dans les rets d’un système cannibale. La jeune Margaret Qualley, double « sublimé », injecte une étrangeté presque irréelle au film. Les premiers actes sont puissants, viscéraux, presque hypnotiques. On y sent la colère froide d’un cinéma de genre au service d’un propos politique acide : le corps des femmes n’est pas un objet malléable sans conséquences.
Quand la forme digère le fond : Mais très vite, The Substance cède à son propre dispositif. Le film s’épuise dans la répétition d’effets choc, entre mutilations, duplications et crises de chair. Le message, martelé, perd en force ce qu’il gagne en hystérie visuelle. Fargeat finit par enfermer ses personnages dans des archétypes. La satire devient littérale, le gore démonstratif, et le film tourne à vide dans son dernier tiers. Il ne dérange plus : il surligne. Ce qui devait être subversif devient didactique. On ire la rage, mais on regrette la finesse.
Au final, The Substance est une œuvre outrancière, consciente d’elle-même, esthétiquement marquante — mais qui ne maîtrise pas toujours sa propre monstruosité. Fascinant par moments, irritant à d’autres, le film finit par ressembler à ce qu’il dénonce : une image déformée de puissance, séduisante en surface, mais vidée de sa substance. Un cri furieux noyé dans le bruit. Fort, mais trop frontal pour être vraiment percutant.