J'ai toujours eu une infinie tendresse pour Bouli Lanners, sorte de gros nounours peu gracieux élevé au Ricard mais étrangement touchant. é à la mise en scène de longs-métrages en 2005, il m'avait étonné avec son second film, le road-movie "ElDorado". Trois ans plus tard, le bonhomme sillonne les mêmes routes mais du point de vue de trois ados en cavale.
Vendu comme une sorte de "Stand by me" belge (comment ne pas penser effectivement au chef-d'oeuvre de Rob Reiner ?), "Les géants" colle aux basques de trois gamins foutrement attachants, rejetons sans foyer et sans mère, sans autre ressource que l'amitié qui les lie. Taquinant sans cesse le décalage cher aux frères Coen (les gosses qui louent la maison de leur défunt grand-père... à un dealer de shit à la masse) tout en ne sacrifiant jamais l'émotion à l'absurde, frôlant le tragique pour mieux le contourner, Bouli Lanners imprègne son film d'une douce mélancolie, d'une force tranquille qui en font une oeuvre précieuse et bouleversante.
Filmant de superbes paysages au son d'une bande originale bluesy envoutante, Lanners porte un regard incroyablement juste sur l'adolescence, montrant les petites galères comme les grandes plaies ouvertes avec une justesse qui force le respect, loin de tout sensationnalisme facile. On saluera également la prestation pleine de naturel de ses trois héros, tous exceptionnels.
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