Il est curieux de constater à quel point certains films des années 90 sont un peu é à la trappe, alors qu’ils ont les éléments nécessaires pour être assez connus par le public. C’est le cas de Sleepers, de l’Echelle de Jacob, et présentement des Anges de la Nuit. D’un réalisateur qui m’est totalement inconnu, Phil Joanou, le film se permet un sacré casting (dont Sean Penn, Ed Harris, Gary Oldman...), un putain de compositeur (Ennio Morricone, rien que ça), et un directeur photo assez légendaire (Jordan Cronenweth, père de Jeff Cronenweth pour les connaisseurs). Excusez-donc du peu !
Baignant dans une atmosphère similaire à celle de Sleepers (le fameux quartier « Hell’s Kitchen »), Les Anges de la Nuit rappelle un peu avant l’heure ce qui fera plus tard le succès de James Gray : crime, famille, trahison, et policier infiltré, le tout dans une ambiance noire et violente. L’intrigue est simple, mais diablement efficace : il n’est à la base question que de règlements de comptes entre la mafia Irlandaise et la mafia Italienne. Cela dit, c’est le traitement des personnages qui fait la différence. Vraiment travaillés, ce sont leurs réactions face aux situations que le film leur inflige qui vont véritablement façonner tout l’intérêt du scénario. D’autant plus que le ton du film, résolument sérieux et dramatique, ne permet aucunement un petit film de gangsters qui ne va pas au bout des choses. Et tant mieux.
Ce qu’il est encore plus intéressant de constater, c’est de voir à quel point ce fameux Phil Joanou, aux états de service vierges pour moi (bon j’ai jeté un coup d’œil à sa carrière, de toutes façon son CV n’est pas super étoffé), sait manier une caméra. Mais c’est juste... Wouah, c’est du tout bon au niveau de la réalisation, mais vraiment. Y’a une fluidité extrême dans le maniement qui m’a laissé pantois. Pourquoi ? Maitrise totale du steadicam. Le tout est couplé à une composition des plans vraiment maitrisée grâce à des cadres qui sont réfléchis. Dans le genre du drame, il est d’autant plus vital de pouvoir bien jouer avec ses cadres et son découpage pour travailler ses personnages (surtout quand on offre un travail de caractérisation des personnages aussi chouette). Et puis le final est vraiment très maitrisé, c’était une petite cerise sur le gâteau à laquelle je ne m’attendais pas en terme de mise en scène... Je ne spoile rien, et me contente simplement de dire que l’utilisation du ralenti est ici foutrement bien pensée, et surtout foutrement bien réussie, mixée à un sens du montage qui fait la différence sur le ressenti de la séquence. Puis la très bonne photo de Cronenweth permet de mettre en valeur le tout, tout comme la musique de Morricone, qui ne rechigne pas à sortir un thème bien inspiré. Typiquement les quelques notes du thème principal qui continuent à résonner dans la tête les jours suivant le visionnage.
Puis le casting est bon, enfin y’a vraiment très peu de choses à dire dessus. J’émets une petite réserve sur Sean Penn, et encore, car il a vraiment des séquences qui m’ont convaincu. Qu’il est plaisant de voir Oldman en position (pour une fois) de faiblesse, comme le gros looser de service. Et Ed Harris, merde, quelle classe, quel putain d’acteur.
Je vous invite donc à découvrir Les Anges de la Nuit, grand oublié des années 90. Putain de bon film, surtout.