"State of Grace" s'apparente à une sorte de one-hit wonder version cinéma, même si Phil Joanou a quand même réalisé une demi-douzaine de films dans sa carrière.
Lui même en "état de grâce", le réalisateur signe un excellent film de gangsters new-yorkais, avec pour toile de fond le quartier de Hell's Kitchen et sa pègre irlandaise, qui entretient des liens complexes avec la mafia italo-américaine, entre iration, intérêts partagés et rivalité viscérale.
D'ailleurs le film aura la malchance de sortir au même moment que "Goodfellas" de Scorsese, ce qui contribuera à son échec en salles.
Phil Joanou ne vise pas l'originalité ni le cliquant, mais plutôt la solidité et l'authenticité, en privilégiant les éléments-clés qui font un bon film, à savoir une bonne histoire et de bons personnages.
Pour leur donner vie, le réalisateur peut s'appuyer sur une distribution en or : Sean Penn en héros torturé, Gary Oldman en petite frappe incontrôlable, John C Reilly en gentil voyou pas très futé, ou encore Robin Wright en petite sœur indépendante, partagée entre le cœur et la raison.
Sans oublier Ed Harris, absolument renversant dans son rôle de chef de bande placé face à ses limites : ses conversations avec Joe Viterelli sont un régal, tant l'acteur parvient à faire er chaque nuance de ses émotions contradictoires.
"State of Grace" bénéficie en prime d'une bande originale signée Ennio Morricone, et d'une très belle photo de Jordan Cronenweth, qui contribue à sa modernité sur le plan visuel, et à son aspect intemporel (nulle trace à l'écran des eighties finissantes).
Parmi les rares bémols, on pourra regretter certains excès au niveau de l'interprétation, à mesure que le film avance (de la part de Penn et Oldman), ainsi que le dénouement un peu "facile", qui ne manque pas d'allure visuellement, mais qui se révèle assez frustrant sur le plan narratif.