Une prison, une cellule, 5 hommes, un objectif s'évader. La trame du film de Jacques Becker tient sur un timbre poste et pourtant il signe avec Le trou l'un des meilleurs films de prison ayant été tournés. Le fait qu'il s'inspire d'un fait réel, qu'il se soit documenté auprès des hommes à son origine fait toute la différence. Cela permet au résultat de sembler authentique, du début à la fin. A aucun moment on ne questionne ce que l'on regarde tant tout semble à sa place, que ce soit dans la précision presque documentaire de la mise en scène ou l'habilité avec laquelle sont filmés les 5 personnages dans une cellule où il n'y a pourtant pas grande marge de manoeuvre.
Armé d'un sens du cadre évident, Jacques Becker parvient à nous plonger au coeur de ce groupe de prisonniers, à nous les faire apprécier en l'espace d'une demi-heure pour ensuite nous inviter dans les préparatifs de l'évasion. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il sait rendre ionnant son sujet. A partir du moment où ce fameux trou se creuse à coup de charnière métallique dans un béton difficile à agresser, on ne peut quitter l'écran des yeux. Rarement on aura enduré autant que les personnages les efforts qu'ils durent déployer pour parvenir à leur fin. En quelques plans séquences très maîtrisés, Jacques Becker parvient à dépeindre la détermination, mentale et physique, de ces hommes de tempérament avides de liberté.
Ce qui est aussi plus qu'appréciable dans Le Trou, c'est cette absence totale des clichés habituellement servis dans tout film carcéral. Ici pas de prisonniers vicieux, pas de gardiens irascibles, pas d'émeutes dormantes. Jacques Becker ne s'éloigne de toute façon jamais de ses 5 personnages, son propos n'est pas de faire une critique de l'organisation d'une prison, mais bel et bien celui de coller au plus près à la réalité. Le résultat est sans appel, les 2h10 du film filent à toute allure, à tel point qu'on s'étonne presque lorsque le générique annonce la fin de la séance.
La marque d'un grand, à n'en pas douter. A mon sens, Le Trou est l'un des plus beau représentant des films de prison, et j'irai même plus loin, du cinéma français alors qu'il était au top de sa forme.