Le jeune réalisateur français Teddy Lussi-Modeste e le cap du deuxième long-métrage (après "Jimmy Rivière") avec "Le prix du succès", qui décrit les tourments d'une fratrie maghrébine confrontée à la réussite sociale et artistique.
Le héros Brahim est en effet un humoriste vedette, à mi-chemin entre Jamel Debbouze et Gad Elmaleh, mais il pourrait aussi bien être une star de cinéma, du sport ou de la musique. Son frère aîné Mourad, ancien délinquant au sang chaud, joue le rôle de l'assistant polyvalent, omniprésent aux côtés de son cadet.
Après dix ans de succès, Brahim souhaite désormais s'éloigner d'un humour à tendance communautaire, ce qui e par une émancipation de ce frère un peu lourd qui finit par nuire à ses intérêts, d'autant que sa compagne issue d'un autre milieu, bien introduite dans le show-business, lui présente un nouveau manager qui souhaite absolument écarter Mourad. C'est là toute la problématique du "Prix du succès", film français imparfait mais original et pertinent.
Dans un premier temps, on a du mal à croire aux personnages, qui apparaissent artificiels : ainsi, on ne voit quasiment jamais le héros en situation de faire rire, ce qui est quand même gênant. Mais pas rédhibitoire, puisque le domaine artistique en particulier importe peu finalement, ce qui compte c'est surtout le contexte de réussite. Et d'ailleurs peu à peu, les protagonistes prennent de l'épaisseur, tandis que les enjeux du scénario (signé Rebecca Zlotowski) commencent à se dessiner.
Au sein du casting, si Tahar Rahim et Maïwenn (plus en retrait) ne déméritent pas, c'est une fois de plus Roschdy Zem qui crève l'écran, dans le rôle d'un type instable, grande gueule, à la fois généreux et mesquin, qui s'exprime davantage avec ses poings qu'avec les mots.
Au niveau des seconds rôles, belle prestation de Grégoire Colin en agent artistique ambivalent, tandis que le rappeur Sultan fait une apparition plutôt convaincante lui aussi.
A l'arrivée, si le "Le prix du succès" ne restera sans doute pas dans les mémoires, cela reste un projet assez singulier et attachant pour donner envie de le défendre. On aurait aimé que le film ose davantage une certaine radicalité, mais en l'état, voilà un film français aussi éloigné de la comédie beauf que du drame auteuriste chiant, qui raconte simplement une histoire d'hommes avec de la tension, de l'émotion et de la réflexion. Et c'est déjà pas mal.