Le cinéma est la technique (l'art?) de l'envoutement: quelque soit l'histoire racontée, de la plus banale à la plus extraordinaire (et souvent ce sont les plus banales qui s'en sortent le mieux car la volonté d'extraordinaire sert souvent à pallier la faiblesse du talent narratif), les divers moyens mis en jeu pour déployer la narration concourent à happer l'attention du spectateur en lui faisant oublier qu'il regarde quelque chose qui n'existe pas.
Les meilleurs films sont ceux qui, parce qu'ils vous font oublier que vous regardez un artifice, vous font perdre conscience à la manière d'un rêve ou d'un coma, et vous font de fait perdre votre temps, si on entend le temps comme présence à soi consciente.
C'est une entreprise de séduction dont le but est la chute de votre lucidité.
Les meilleurs films sont ceux qui détournent votre amour de ce vide de l'esprit qu'on appelle conscience, un écran intérieur où la dévotion est de me savoir mortel, pour le diriger vers un écran extérieur où j'oublie ma finitude.
Mais vous pouvez aussi vous regarder en train de glisser vers cet état d'hébétude, de sommeil éveillé, et qui sait ce qui pourrait en sortir? De cette tentation adultère pourrait ressortir l'irremplaçable saveur de la fidélité.
Un mauvais film ne parvient pas à donner un sentiment de réalité et vous laisse face à un objet avec lequel vous ne fusionnez jamais.
Le plongeur est un bon film.