On imagine bien que ce pamphlet ou satire politique prenant pour cible Franco et son régime ait pu, en 1970, paraitre subversif et déplaire, en tout cas, au pouvoir encore en place. Métaphorique, Carlos Saura désigne le dictateur espagnol sous les traits d'un homme amnésique et grabataire, paralytique et incontinent, dont la famille -c'est le côté farce du film- tente désespérément de lui soutirer son numéro ce compte en Suisse.
Pour autant, le fim n'a rien d'une comédie. Le propos de Saura, à force d'être implicite, finit par devenir franchement obscur. On devine la dénonciation d'un régime anti-démocratique et essoufflé mais les symboles, et au-delà les particularismes politiques et historiques espagnols, nous échappent le plus souvent.
Film austère et monotone, "La jardin des délices" est une satire sur le mode intellectuel qui, s'appuyant sur une mise en scène et une dialectique imagées, prend le risque de rester insignifiante et confidentielle pour beaucoup.