Avec ce film, Fabrice Du Welz plonge le spectateur dans un thriller psychologique oppressant et viscéral, inspiré des heures les plus sombres de l'histoire récente de la Belgique. S'inspirant de l'affaire Dutroux, le film suit Paul Chartier un jeune gendarme idéaliste, embarqué dans une traque obsessionnelle d’un pédocriminel. Ce combat solitaire contre les monstres de la société et les failles institutionnelles offre une réflexion glaçante sur les limites du système judiciaire et les dérives de l’obsession. Du Welz déploie un univers visuel froid et claustrophobique, où les décors industriels et les paysages nocturnes reflètent le désespoir et la déshumanisation. La caméra, souvent nerveuse et immersive, capture l’intensité psychologique des personnages, renforcée par des cadrages serrés et une lumière crue. Anthony Bajon livre une performance saisissante, incarnant à la fois la pureté de la justice et les tourments d’un homme déé par l’horreur qu’il affronte. À ses côtés, Sergi López incarne un suspect dont la présence magnétique et troublante hante chaque scène.
Cependant, le film n’échappe pas à quelques longueurs narratives et un certain didactisme dans son discours. Sans oublier son côté légèrement complotiste.
Si l’ambition du réalisateur est évidente, certains moments manquent de subtilité, alourdissant un propos déjà chargé d’émotions. Mais ces défauts sont compensés par la puissance émotionnelle et l’engagement du récit.
Le Dossier Maldoror n’est pas un film facile. C’est une œuvre sombre, dérangeante et exigeante, mais elle pose des questions essentielles sur le rôle des institutions, l’éthique de la justice et la lutte contre l’inhumain. Fabrice Du Welz confirme une fois de plus son talent pour explorer les tréfonds de l’âme humaine, tout en confrontant le spectateur à des réalités que beaucoup préféreraient ignorer. Un thriller poignant et nécessaire.