Parle à ma main, ma tête est malade...
Il est indispensable de voir ce film sans savoir de quoi il parle. Je ne le connaissais que de nom, avais vaguement vu Mel Gibson sur l'affiche et je savais surtout qu'il s'agissait d'un film de Jodie Foster, ce qui m'intriguait.
The Beaver démarre comme un bon nombre de films indépendants, en dépeignant la vie d'un type dépressif avec une voix off qui le décrit. Sauf que ce type c'est Mel Gibson, qui a trouvé ici son meilleur rôle depuis des lustres. Le voir s'enfoncer jusqu'à vouloir se pendre à une tringle de rideau de douche est assez délicieux, malgré la profonde tristesse qui se dégage de ce personnage.
Et puis soudain, le castor.
Je n'en dirai pas plus pour laisser à tous ceux qui ne connaissent pas ce film le soin de le découvrir à sa juste mesure. Jodie Foster nous offre le portrait d'une famille finalement très commune mais avec un ton entre le pathétique et le profondément touchant. Le seul hic du film, c'est l'histoire du fils avec la croquignolette Jennifer Lawrence. Elle n'apporte pas grand-chose (l'histoire, pas Jennifer qui est toujours aussi magnétique) si ce n'est un vague parallèle entre le père et son fils. Ce n'est pas cela que l'on gardera du film.
Non, pour ma part, ce qui m'a vraiment marquée, c'est cette brillante idée du castor. Au début déroutante, elle parvient à donner au film une portée dramatique incroyable sans jamais être ridicule. C'est un pur travail d'équilibriste pour maintenir un cap sans sombrer dans la bouffonnerie. A ce titre, heureusement que Steve Carrel et Jim Carrey ont refusé le rôle. J'aime beaucoup ces acteurs, qui ont su faire leurs preuves dans le registre dramatique, mais leur étiquette comique aurait, je pense, complètement fait er le film à côté de son propos. Encore une fois, Mel Gibson y est parfait, bluffant de mélancolie et de grands élans enfantins.
Un film fort simple donc mais qui touche au but, déroulé par une réalisation tout à fait à propos et sans fausse note de la mystérieuse Jodie Foster que le temps ne semble jamais atteindre.