On n’attendait pas vraiment Yvan Attal à la réalisation d’un film tel que « Le Brio ». Certainement échaudé par les échecs successifs de « Do not disturb » et « Ils sont partout », il a du vouloir s’atteler à quelques chose de moins personnel, de plus léger et populaire, sans que ce dernier qualificatif ne soit péjoratif. Et grand bien lui en a pris ! Car son nouveau film est un vrai petit délice, souvent drôle et plein de bonne humeur. Le long-métrage propose en outre un contexte social probant et appuyé juste comme il faut sur la différence sociale et culturelle. On y parle également du mérite de réussir dans les grandes écoles lorsque l’on vient d’un milieu social défavorisé et qu’on est issu de l’immigration.
« Le Brio » fonctionne sur l’opposition des contraires et le fait plutôt bien. Il met en effet face à face un professeur de droit quelque peu réactionnaire et plutôt raciste et une jeune étudiante maghrébine venu des cités. Ils vont être obligés de cohabiter et s’apprivoiser dans le but de participer à un concours d’éloquence qui sauvera le premier du conseil de discipline à l’insu de la seconde, qui y voit une main tendue et une manière de perfectionner ses connaissances. Les clichés et les facilités sont évités grâce à des dialogues et situations savoureuses mais surtout au brio des deux interprètes principaux qui monopolisent toute l’attention. On n’avait pas vu Daniel Auteuil aussi en forme depuis longtemps et Camelia Jordana confirme tout le bien qu’on pense d’elle après « Cherchez la femme » cet été. Leurs joutes verbales sont crédibles et pertinentes et on croit complètement à la progression de leur relation basée sur la transmission.
On pourra regretter que la trame soit très classique et que la fin soit plus qu’attendue mais c’est le jeu dans ce type de feel good movie. On ne reconnaît pas vraiment la patte d’Yvan Attal si ce n’est son propos sur la tolérance et l’ouverture aux autres. Mais ce qui interpelle le plus ici c’est le plaisir que l’on prend à entendre parler ses personnages. En effet, il cela fait plaisir aux oreilles d’écouter un vocabulaire si fleuri dans tous les champs lexicaux possible et que la langue française soit mise en avant de cette manière. On n’avait plus vu ça depuis « L’Esquive » il y a dix ans. Il y a donc un côté instructif non négligeable dans ce film rythmé et qui met de bonne humeur. On apprécie également une sous-intrigue amoureuse vécue par le personnage de Camélia Jordana, réaliste et qui ne tombe pas dans le niais, et de bonnes tranches de rires grâce à d’excellents dialogues. En bref, un bon moment é avec ces deux-là sous couvert d’une ode à la langue de Molière et à la tolérance. On prend !