Pour paraphraser Henri Jeanson, on ne fait pas de bon cinéma avec de bons sentiments. Yvan Attal nous propose une actualisation du conte du prince et de la bergère. Jadis, les contes étaient cruels, le père incestueux, le frère possessif, le prince assassin, bestial ou prisonnier de son destin... C’est fini. Déjà dans My fair lady, le prince c’était fait professeur de fac et Pygmalion, et la bergère modiste. Cinquante ans plus tard, l’inévitable modernisation élimine toute tension sexuelle, la différence d’âge étant devenue trop grande.
Faux raciste, mais vrai misanthrope le professeur est contraint, pour sauver son poste, de préparer la fausse rebelle, mais véritable étudiante d’origine magrébine et banlieusarde, à un concours d’éloquence. Daniel Auteuil cachetonne et ne croit guère à son rôle. Camélia Jordana joue juste et sauve le film, avec notamment une très belle séquence de loup-garou. Camélia n’époa pas son prince, ni même ne flirtera, mais finira avocate. Les princesses, c’est fini.