Deux caractères que tout oppose et qui finissent par se prendre d'affection: ce ressort de comédie est éternel et fonctionne ici merveilleusement bien. Il y a Neïla, la jeune pousse de banlieue un peu brute de décoffrage et qui rêve de devenir avocate; en face le mandarin prestigieux qui cabotine dans le gigantesque amphithéâtre d'une fac de droit non moins prestigieuse. Entre eux ça fait des étincelles. Qu'elle le veuille ou non, Neïla trimballe avec elle les complexes et les frustrations de son identité, de son éducation et de son entourage. Quant à lui, il n'aime rien tant que provoquer, défier le politiquement correct et flirter avec le dérapage mal contrôlé. Et bien sûr, ces deux-là voient leurs destins liés par la double échéance d'un concours d'éloquence et d'un conseil de discipline. Et le film emporte l'adhésion. Le scénario se joue des ficelles du genre, les dialogues sont drôles et percutants. C'est aussi un bel hommage aux vertus de l'apprentissage, de la langue et de la transmission. Camélia Jordana est une boule d'énergie qui crève l'écran. Quant à Daniel Auteuil, sorte de Finkielkraut qui ne désespérerait pas complètement de son époque, il trouve là son meilleur rôle au cinéma depuis bien longtemps. Et puis une comédie qui donne envie de lire (ou relire) Schopenhauer, ça ne court pas les écrans!