Cette comédie provençale de Verneuil fait ce qu'elle peut pour ressembler à du Pagnol, mais les auteurs ont beau se doter d'un boulanger "avé l'accent" et initier leur histoire avec un nouveau-né bâtard, précisément le petit-fils du boulanger de Valorgue, la comparaison ne joue pas en leur faveur.
Faute d'esprit, de personnalité et d'authenticité, le conflit qui oppose le boulanger, refusant de croire que son fils a engrossé la fille de l'épicier avant de filer à l'armée (du Marius dans le texte), à ses concitoyens accumule les clichés méridionaux. Cette querelle de village, attisée par le refus de Félicien de vendre son pain à ses calomniateurs (un détour du côté de "La femme du boulanger") fait appel aux figures communales traditionnelles: le curé et le receveur des postes, le maire et le tambour garde-champêtre.
Mais très vite, le sujet piétine entre bons mots qui n'en sont pas et diverses péripéties sans relief. Mis à contribution pour perpétuer la verve pagnolesque, Fernandel accomplit sa tâche sans grande conviction parce que son rôle n'a pas beaucoup de matière et qu'il n'est qu'un ersatz des figures pittoresques crées par les vrais bons auteurs provençaux. Bref, c'est un film sans âme, qui transpire le procédé.