Une histoire d’amour est toujours plus belle quand il y a des meurtres dans l’air.
Deux êtres solitaires se rencontrent à un mariage de campagne, où le champagne coule à flots : la directrice de l’école et le boucher. La femme savante - son appartement est une galerie d’art, danse avec un ancien soldat, presque simple d’esprit, ses mains sont son seul outil. Il a une camionnette, elle a une deux-chevaux ; c’est plus distingué. Lui revient de la boucherie militaire, sa complainte est répétitive, 15 ans dans l’armée !, on rigole doucement de ce qui nous paraît être une exagération. C’est un enfant : “pourquoi vous n’avez pas d’amoureux ?”, elle parle de l’acte de faire l’amour. Il se déguise comme les élèves. La dualité se retrouve dans l’architecture : le monument aux morts surplombe l’entrée du bâtiment scolaire. Elle veut garder sa liberté, lui perd sa logique. Le boucher ne sait que tuer des animaux, le sang a la même odeur pour tous ; le pain du goûter se tâche du rouge de l’hémoglobine.
C’est un fait divers de province, magnifiquement interprété par le couple d’acteurs. L’arrangement sonore, avec cette église qui sonne à longueur de plans, laisse grimper une sensation de mal-être derrière la poésie humaine.