Les questions que va se poser naturellement le futur spectateur de L'arbre aux papillons d'or, tout auréolé de sa Caméra d'Or, sont de deux ordres : A/Est-ce vrai que le film de Pham Thien An ressemble à ceux de Weerasethakul et B/Trois heures de cinéma en grande partie contemplatif, est-ce able ? Réponse A : oui mais pas intégralement, le récit ne cédant que peu au surnaturel et à une opacité toute relative que dans ses dernières minutes. Et sur le plan de la mise en scène, on peut penser à d'autres réalisateurs, y compris à Zviaguintsev pour la sublime lenteur de ses travellings. Réponse B : oui, sans problème, à condition de se laisser fasciner par la splendeur des images et le travail sur le son, au service d'une histoire qui raconte le Vietnam rural d'aujourd'hui, notamment à travers sa minorité chrétienne. Le personnage principal, qui revient sur ses terres natales, à l'occasion d'un deuil familial, effectue en scooter un voyage qui le conduit à plusieurs rencontres marquantes, un road-trip qui fait resurgir son é mais qui l'oblige également à une interrogation sur sa position vis-à-vis de la foi. Et dans le même temps, il est aussi confronté à l'histoire de son pays. Avec ses thématiques riches, L'arbre aux papillons d'or aborde à la fois les sujets de l'âme et du territoire, à travers une expérience intime et sensorielle à laquelle Pham Thien An nous sensibilise de la plus belle des façons, jusqu'à dériver sur une forme de confusion, on ne peut plus humaine et d'une certaine manière, logique.