Un petit buddy movie à l’italienne, sauce seventies, poisseux, sans concession et déprimant à souhait. Bien loin de la trame classique qui fait se rapprocher deux caractères antagonistes pour déclencher le sourire, quand Revolver associe chien et chat dans une optique de survie commune, c’est en désespoir de cause, avec rancœur et méfiance. Et lorsque la tendance s’inverse, que les hommes s’apaisent le temps d’un échange un peu plus amical, c’est pour le payer dans l’instant qui suit.
Poliziesco généreux, Revolver traite de toutes les thématiques propres au genre : du dégommage de ants innocents, qui supplient les salopards qui les ont dézingués de les porter à l’hôpital, des femmes qui se font molester, des machinations politiques, le tout animé par deux personnages en équilibre instable sur ce filin qui sépare les hommes et que l’on nomme légalité.
Supposé du côté du bien, en sous-directeur de prison, ex-flic droit dans ses bottes, Olivier Reed, propulsé à l’éthanol pur sur le tournage, troque belles manières et remords contre une arme à feu bien décidée à en découdre. Du côté obscur, Fabio Testi, éphèbe insouciant, truand presque malgré lui, semble être la douceur même. Marqué par la mort de son meilleur ami, influençable et né sous une étoile malicieuse, il tente tout simplement de rester en vie, sans impliquer plus que de raison son entourage. Les deux hommes ne sont finalement ni bons, ni mauvais, simplement humains et pris dans une tourmente qu’ils n’ont pas spécialement invoqué.
Aux commandes de cette récréation énergique, Sergio Sollima s’amuse à tirer le maximum de son sujet. Avec en ligne de mire sa fin désespérée, il construit ses personnages dans l’action, sans les affubler de dialogues inutiles. Aidé par le score efficace de Morricone, il délivre un polar noir et énergique qui rappelle une époque désormais révolue où le rythme l’emportait sur une écriture faussement compliquée. La preuve qu’il est possible de concilier divertissement et dénonciation sans en faire des tonnes. C’est ce que j’apprécie dans le poliziesco, cette façon qu’avaient les cinéastes d'assaisonner leurs images d'un zeste de fureur politique tout en faisant la part belle à la violence dans tout ce qu’elle a de plus spectaculaire.
7,5/10