L’élégance d’un conte, la retenue d’un drame
La Plus Précieuse des Marchandises, réalisé par Michel Hazanavicius et adapté du court récit de Jean-Claude Grumberg, est un film d’animation ambitieux et audacieux, tant par son sujet — la Shoah — que par sa forme poétique et stylisée. Le parti pris visuel, évoquant un conte sombre au graphisme épuré, confère au film une dimension universelle et intemporelle. La narration de Jean-Louis Trintignant, posthume, ajoute une gravité émotive indéniable.
Cependant, cette stylisation peut apparaître comme un double tranchant. En voulant adoucir l’horreur par l’esthétique du conte, le film risque parfois de gommer la violence brute de l’Histoire, suscitant une certaine gêne ou distance émotionnelle. Le récit, bien qu’émouvant, reste linéaire et didactique, au détriment de la complexité narrative ou symbolique que l’on aurait pu attendre d’un tel sujet.
En somme, une œuvre digne et sincère, portée par une ambition artistique louable, mais dont l’approche formelle et narrative pourra diviser entre puissance évocatrice et retenue émotionnelle.