La première collaboration de Jacques Deray avec Alain Delon est une véritable réussite, le film est devenu quasi culte, en grande partie par le couple resplendissant et plein de sensualité fiévreuse formé par Romy Schneider et Delon. Mais aussi par l'insouciance de son époque, la fin des années 60 à Saint-Tropez qui permet ces corps sublimés au soleil, avec une tension érotique latente, car on aurait pas pu filmer ça dix ans avant, c'eut été encore tabou, il faut donc irer l'audace du réalisateur et des interprètes.
Et au milieu de tout ça, la fameuse piscine qui rythme les ébats ou les événements, un peu comme un personnage à part entière, et son rôle sera même celui d'un complice. Le climat de sérénité du début laisse ensuite la place à l'engrenage des ions puis à un suspense étouffant, le tout sur un ton d'une lenteur calculée, c'est un modèle de scénario d'une ingéniosité diabolique et de mise en scène d'une maîtrise totale. Deray filme des regards, des silences, des affrontements, tout un jeu psychologique destiné à inquiéter le spectateur. En dehors du couple vedette qui se retrouvait en situation de partenaires érotiques, Maurice Ronet livre un séduisant portrait de fêtard cynique et égoïste, tandis que l'on remarque la performance sobre de Paul Crauchet en policier pugnace, et la présence discrète de la toute jeune Jane Birkin dans son premier rôle français. Un grand classique qui prouve encore que le cinéma français pouvait aligner de très bons films d'atmosphère, ce qui n'est plus trop le cas de nos jours.