Après le succès considérable de L'Exorciste, Hollywood embraye sur un sujet qui va engendrer quelques films "sataniques", en exploitant à fond cet engouement du public pour le fantastique démoniaque ; en Italie, on verra aussi Holocauste 2000 qui surfait sur cette vague de retour du diable dans une Amérique traversant une profonde crise morale, ce fut même interprété de façon sociologique.
La Malédiction, écrit directement pour le cinéma en 1976 par David Seltzer, a été aussi un gros succès de librairie, mais ce film est après L'Exorciste, la seconde production à gros budget et grosses vedettes entreprise pour répondre à l'attente du public ; Richard Donner n'avait réalisé que des épisodes de séries TV comme Au nom de la loi ou Kojak, et 2 petits films sans intérêt, il connaissait donc ici son premier gros succès car le film connut un succès presque aussi prodigieux que celui de L'Exorciste.
Et il le mérite, le scénario est parfaitement écrit, solide dans l'extravagance, avec une logique rigoureuse pour qu'on puisse croire à cette histoire abracadabrante inspirée par les sombres prédictions de l'Apocalypse.
Donner multiplie les effets spectaculaires (la mort du prêtre Brennan empalé, celle atroce du photographe joué par David Warner, la découverte de la tombe dans le cimetière), de même qu'il traduit bien les manifestations successives du "pouvoir" du petit Damien et des puissances maléfiques qu'il représente, car d'après la Bible, il est l'Antéchrist, rien que ça ! La fin reste ouverte et laisse présager une suite qui sera tournée 2 ans plus tard, et qui se révélera inférieure à ce premier film mais encore très flippante ; par contre, le troisième chapitre sera complètement raté.
Voici donc encore un autre film qui met en scène un enfant diabolique et des adultes réduits à l'impuissance, c'est très prenant et très représentatif de cette veine fantastique des années 70, un superbe récit maléfique, fascinant, orchestré comme une messe funèbre, appuyée par la musique de Jerry Goldsmith qui fout la trouille, surtout le thème "Ave Santani", mélange formidable de chants religieux, d'orgues et de cloches. Le couple Gregory Peck et Lee Remick donne aussi quelques accents émouvants à ce film très réussi.