Fidèle au roman de Stendhal, en dépit qu'il survole, simplifie ou élude, nécessairement, de nombreux ages (notamment les aventures du héros de Waterloo), le film de Christian-Jaque illustre à merveille -hélas- la "qualité française" tant décriée (par Truffaut entre autres). Car, non seulement, le réalisateur trahit notre propre lecture mais il trahit également la complexité de l'oeuvre stendhalienne.
Que reste-t-il des personnages de Stendhal? Des ectoplasmes dénués d'originalité, de personnalité et de nuances Il sont devenus, malgré leur signification littéraire originelle, des lieux communs cinématographiques, les banales figurations des conventions mélodramatiques de l'époque. L'action romanesque demeure mais son souffle, son esprit disparaissent comme s'évanouissent la ion singulière et absolue entre Clélia et Fabrice et la grandeur de l'amitié équivoque qui lie ce dernier à la Sanseverina.
Le film est long, très long, et très ennuyeux parce qu'à aucun moment il n'est en mesure de traduire une lecture sensible, émouvante ou personnelle du roman. Dès lors, il devient inutile que Gérard Philipe figure un Fabrice del Dongo idéal.
Stendhal et lui seront guère mieux servis quelques années plus tard avec l'adaptation par Claude Autant-Lara de "Le rouge et le noir".