Qui est donc cet inconnu qui débarque dans une auberge de la campagne anglaise sous la neige ? C'est ce que se posent tous ceux qui le voient, intrigué par son chapeau, ses lunettes, ses gants, ses bandages et son imperméable.
Après les succès de "Dracula" et "Frankenstein", le studio universal continue dans cette voie-là et les films "de monstres". Il confie à James Whale, déjà à la tête de Frankenstein, le soin de mettre en scène l'homme invisible, où l'on suit un scientifique obnubilé par son travail et qui n'arrive pas à trouver l'antidote d'une formule qui l'a rendu invisible.
Dès le début, c'est bel et bien l'homme invisible qui marque, intrigue et fascine, que ce soit par son look, sa posture ou sa voix qui à elle seule montre toute la psychologie du personnage. Peu à peu, James Whale dresse le portrait d'un homme incapable de trouver un antidote et qui devient de plus en plus violent et fou. De plus, Il bénéficie de l'excellente interprétation de Claude Rains ainsi que d'effets spéciaux et trucages stupéfiant et marquant à l'image de cette inoubliable scène où il allume une cigarette.
Bénéficiant d'une écriture de qualité notamment au niveau des dialogues et personnages, James Whale alterne entre plusieurs tons, oscillant entre terreur et humour et n'hésite pas à du cynisme et de l'humour noir. C'est notamment lors de la première partie du film que l'alternance est la plus flagrante, lorsque l'homme invisible est installé dans le bar et doit subir la réaction d'une foule dont Whale dresse un portrait plutôt antipathique et, à l'image de Frankenstein, met en scène un "monstre" face à une société effrayée par ce qu'elle ne connait pas.
Il retranscrit bien l'atmosphère troublante et nocturne du film, sublimé par une belle photographie en noir et blanc. James Whale ne comment aucune faute de rythme durant les 70 minutes qui composent cette adaptation de H.G. Wells. En plus de Claude Rains, les autres interprétations sont bonnes et le côté parfois exagéré et théâtral (à l'image de la serveuse) donne un côté humoristique au film plutôt réussi.
"L'homme invisible" traverse le temps sans encombre, que ce soit au niveau des effets spéciaux ou de l'ambiguïté des personnages. James Whale rend cet "homme invisible" aussi fascinant qu'intriguant et imposant, bénéficiant d'une prestation inoubliable de Claude Rains.