Tiens...c'est bizarre, mais je n'en ai aucun souvenir!
Celui qui vous dira cela en évoquant le cas de Deborah Logan sera ou sous l'emprise du même mal (et dans ce cas, il vaudrait mieux prendre vos jambes à votre cou) ou d'une implacable mauvaise fois. Car ce film, sacrément réussi, vous glacera les sangs et vous fera encore frissonner bien plus tard à la vue de votre grand-mère. Le scénario est vraiment fluide, on se coule dans le film comme dans un bain. L'idée de ces reporters venant filmer les premiers stades de la maladie d'Alzheimer chez une patiente âgée est plutôt captivante. On ne parle pas ici d'un sérum vous transformant en zombie: cette maladie, bien présente dans nos sociétés, et encore assez mal comprise, se révèle être, sur le grand écran, et dans la peau de Deborah Logan, vraiment déroutante. La photographie est exceptionnelle, les plans caméras savamment variés et le jeu des acteurs plutôt prenant. Certes, à un moment donné, à voir les gens courir dans leur propre maison, la nuit, munis de leur seule lampe de poche, pour retrouver mamie - qui déjà parle plusieurs langues simultanément-, il vous vient l'envie de leur dire "Allumez la lumière crénom!". Toutefois, on acceptera aussi -c'est pour cela que vous le regardez à la fin- de se faire lentement mordiller par le stress. Une seule fois, je me suis dit "p...t..! mais tirez lui une balle dans la tête!" mais là, j'avoue que j'étais totalement déé par les événements. Parce qu'au final, tout s'enchaîne magistralement, de la maladie au départ confirmée par les médecins, on est transposé face à une réalité qui petit à petit défie la science, sans jamais tomber dans l'énième scénario de l'exorciste et du prêtre-héro, ni également dans la possession démoniaque où l'on est forcé de devoir croire à toute une cosmogonie infernale pour s'expliquer le comportement du possédé. Des petits indices sont disséminés çà et là, on appréciera les dissensions entre les membres de l'équipe de tournage, la visite chez un anthropologue érudit, la perplexité des scientifiques, l'apparition éphémère d'un prêtre aussitôt reparti. Non, cette fois, le linge sale va devoir être lavé en famille pour notre plus grand plaisir. Le film renouvelle les atmosphères angoissantes par un jeu subtil des caméras et des angles de vues. Les scènes se déroulent bien évidemment à l'intérieur d'une étrange maison, mais aussi au fur et à mesure, dans les bois la nuit, sous les lumières blafardes et claustrophobes de l’hôpital, dans des sous-sols sinistres, puis en pleine nuit dans les entrailles de la nature - toute une palette de frissons variés et garantis sur facture. Enfin, on appréciera aussi la retenue dans les effets spéciaux, qui n'apparaissent que çà et là, pour asséner le coup de grâce à celui d'entre vous qui n'a pas encore avalé son coussin. Jusqu'au bout, le film est porteur de sens, même d'espoir pour le genre cinématographique, et réconciliateur - à mon humble avis - envers le thème quelque peu suranné de la possession démoniaque.